Elle était la fille du célèbre ‘Umar ibn Al-Khattâb (Radhiallahu anhu), mecquois de la tribu des Adî. Sa Mère
s’appelait Zaynab bint Maz’ûn. Elle est née avant la Révélation, la même année que Fâtima, la fille du Prophète (sallAllahou alayhi wa salam). Son père, ‘Umar, deuxième Calife, fut un illustre personnage du temps du Prophète et l’un de ses proches compagnons.
Avant qu’il ne devienne musulman, il fut un ennemi implacable de l’Islam. Il s’était même porté volontaire pour tuer le Prophète. C’était environ 5 ou 6 ans après le début de la Révélation. Mais, en se rendant chez l’Envoyé d’Allah (sallAllahou alayhi wa salam), il rencontra quelqu’un qui, au lieu de lui indiquer où il pourrait le trouver, le détourna en lui révélant que, dans sa propre maison, sa sœur Fâtima et son mari étaient devenus musulmans.
Rendu furieux, ‘Umar (Radhiallahu anhu) changea de direction et se rendit chez eux.
Un autre musulman était en visite chez eux et leur récitait des versets du Coran. En l’entendant arriver, sa sœur dissimula les feuillets sur elle. Il entra et les interrogea ; elle lui avoua qu’ils étaient musulmans. Très en colère, ‘Umar la gifla et voulut lui arracher les feuillets pour les lire. Elle refusa de les lui donner, lui disant qu’il était impur et ne pouvait donc toucher le texte du Coran.
Néanmoins, bouleversé par son geste en voyant un peu de sang couler sur le visage de sa sœur, il alla se laver afin de pouvoir prendre connaissance de ces fameux feuillets. Il put ainsi lire les premiers versets de la sourate Ta Ha.
{ Tâ-Hâ. Nous n’avons point fait descendre sur toi le Coran pour que tu sois malheureux, si ce n’est qu’un Rappel pour celui qui redoute (Allah), (et comme) une révélation émanant de Celui qui a créé la terre et les cieux sublimes. }
[Sourate 20 – Versets 1- 4]
Instantanément, il fut touché par ces versets et se convertit à son tour. Il se rendit chez le Prophète (sallAllahou alayhi wa salam), non plus avec l’intention de le tuer, mais pour prononcer la shahâda : « II n’y a d’autre dieu que Allah et Muhammad est son Envoyé. »Dès cet instant, l’Islam le compta parmi ses plus ardents défenseurs.
Chacun sait que ses contemporains le craignaient pour sa sévérité. Il était, en effet, extrêmement rigoureux, tant lui-même craignait de ne pas être en parfaite conformité avec les ordres d’Allah (azwadial). Les Compagnons (Radhiallahu anhum) hésitaient à lui poser certaines questions après la mort du Prophète(sallAllahou alayhi wa salam) de crainte que la réponse soit contraignante pour eux !
Ainsi donc, Hafsa (Radhiallahu anha) était issue d’une famille très respectée. Il s’agissait d’une famille d’intellectuels. Shiffa bint ‘Abdallah, une parente de ‘Umar (Radhiallahu anha) , qui savait lire et écrire, avait instruit Hafsa et sa sœur, ce qui était rare avant l’Islam, en particulier pour les femmes.
Hafsa (Radhiallahu anha) avait déjà été mariée. Avec son mari, Khunays ibn Hudhâfa, ils avaient fait partie du premier groupe d’émigrés en Abyssinie, pays où régnait alors le Négus, ce roi bienveillant dont nous avons déjà parlé, qui les protégea même lorsque les Quraysh vinrent les poursuivre jusque dans son pays. Au retour de leur émigration, Hafsa (Radhiallahu anha) et son mari se rendirent à Médine où était désormais installée la communauté. Nous savons que Khunays participa à la bataille de Badr et de Uhud, où il fut blessé et mourut en l’an 2 de l’Hégire.
Hafsa (Radhiallahu anha), qui n’avait pas eu d’enfant, se retrouva veuve ; elle avait environ 20 ans. Après quelque temps, ‘Umar (Radhiallahu anhu) chercha à remarier sa fille. Il s’adressa d’abord à ‘Uthmân (Radhiallahu anhu)– devenu veuf de Ruqayia (Radhiallahu anha) , la fille aînée du Prophète (sallAllahou alayhi wa salam), qui déclina l’offre. Il s’adressa ensuite à Abu Bakr (Radhiallahu anhu) qui était son meilleur ami, mais celui-ci lui fit une réponse évasive et il en fut blessé.
On nous rapporte que Hafsa (Radhiallahu anha) était alors réputée pour avoir un caractère hautain et personne ne voulait l’épouser. ‘Umar (Radhiallahu anhu) se rendit auprès du Prophète (sallAllahou alayhi wa salam) pour se plaindre de la situation, mais il lui fut répondu :
« Je te montrerai un meilleur gendre que ‘Uthmân et je lui montrerai un meilleur beau-père que toi. » [Rapporté par Bukhârî]
‘Umar (Radhiallahu anhu) comprit alors que le Prophète (sallAllahou alayhi wa salam) avait l’intention de lui demander la main de sa fille et que Abu Bakr (Radhiallahu anhu) était déjà dans le secret ! De fait, le Prophète demanda la main de Hafsa (Radhiallahu anhu) à ‘Umar, qui bien entendu la lui accorda avec joie.
En ce qui concerne ‘Uthmân (Radhiallahu anhu) , le Prophète (sallAllahou alayhi wa salam) lui fit épouser une autre de ses filles, Um Kalthûm (Radhiallahu anha) . Il devint le beau-père de ‘Uthmân ainsi qu’il l’avait annoncé. Le mariage de ‘Uthmân et Um Kalthûm eut lieu d’abord, puis le Prophète épousa Hafsa (Radhiallahu anha) 4 mois plus tard, vraisemblablement pendant le mois de Sha’bân de l’an 3 de l’Hégire.
Entre temps, l’appartement qui devait la recevoir fut préparé. La dot que lui remit le Prophète (sallAllahou alayhi wa salam) fut de 400 dirhams.
On se reportera utilement à la disposition des appartements des Épouses, à la fin de cet ouvrage, étant précisé qu’au fur et à mesure que le Prophète (sallAllahou alayhi wa salam) faisant entrer une nouvelle Épouse, on ajoutait un appartement.
L’arrivée de Hafsa (Radhiallahu anha) ne troubla en aucune façon la vie familiale ; même ‘Âïsha (Radhiallahu anha) fut heureuse de trouver une compagne qui fut proche d’elle et des liens très solides les unirent l’une à l’autre. On se souvient que Sawda (Radhiallahu anha) était déjà assez âgée lors de son mariage avec le Prophète (sallAllahou alayhi wa salam). À cette époque, elles étaient trois Épouses : Sawda, ‘Âïsha et Hafsa. Mais la famille devait s’agrandir rapidement puisque le Prophète contracta encore plusieurs autres unions au cours de cette période.
Le rôle de Hafsa n’est pas négligeable, même s’il n’est pas aussi remarquable que celui joué par ‘Aïsha (Radhiallahu anha) . Un jour que ‘Umar (Radhiallahu anhu) faisait des reproches à son épouse, celle-ci lui répondit sur un ton auquel il n’était pas habitué. Il lui demanda la raison de ce comportement nouveau et elle lui apprit que les Épouses du Prophète lui répliquaient et considérait donc qu’elle pouvait en faire autant !
Parlant de Hafsa, elle ajouta : « II y en a une qui, du matin au soir, lui dit tout ce qu’elle pense sans hésiter. » ‘Umar, préoccupé, se rendit auprès de Hafsa et l’interrogea à ce sujet. Hafsa lui confirma ce qu’avait dit sa mère.
‘Umar fit remarquer à sa fille : « Tu n’as ni la grâce de ‘Âïsha, ni la beauté de Zaynab… Es-tu certaine que si tu irrites le Prophète, Allah ne t’écrasera pas de Sa colère ? » [Rapporté par Bukhârî]
Après quoi, il se rendit chez Um Salama, sa cousine, une autre des Épouses du Prophète pour lui demander : « Est-il vrai que vous tenez tête à l’Envoyé d’Allah et vous lui répondez sur un ton irrespectueux ? »
Um Salama lui rétorqua vivement : « Qui donc t’a autorisé à t’interposer entre l’Envoyé d’Allah et ses Épouses ? Certes, nous lui disons franchement ce que nous pensons. S’il l’admet, c’est son affaire, mais s’il devait nous l’interdire, il nous trouverait alors plus obéissantes que nous ne le sommes à ton égard ! » ‘Umar (Radhiallahu anhu) repartit sur cette réponse. […]
Après la disparition du Prophète (sallAllahou alayhi wa salam), il ne semble pas que Hafsa ait joué un rôle politique dans la suite. On nous rapporte que, alors que son père ‘Umar était à l’agonie, après l’attentat dont il venait d’être victime, Hafsa, Mère des Croyants, lui rendit une dernière visite et resta un moment auprès de lui à pleurer. Puis elle se retira dans la pièce voisine jusqu’à ce que le corps de ‘Umar fût transporté pour être enterré auprès du Prophète (sallAllahou alayhi wa salam) et d’Abu Bakr (Radhiallahu anhu) .
Toutefois, on sait que Hafsa (Radhiallahu anha) eut à remplir une mission importante et de grande confiance. À la mort de son père ‘Umar, il n’existait qu’une copie officielle écrite du texte du Coran.
Or, le nombre de musulmans était devenu très important et il circulait un non moins grand nombre de copies, dans une écriture peu développée, ce qui était nuisible à la bonne préservation et à la pureté du texte. Abu Bakr, puis ‘Umar, avaient pris conscience de la nécessité d’un texte contrôlé par les vrais connaisseurs du Coran, mais ce travail n’avait pas pu être achevé pour être diffusé avant leur disparition à tous deux.
C’est à Hafsa (Radhiallahu anha) que fut confiée l’unique copie officielle qui la conserva jusqu’à ce que le travail put être exécuté. On se souvient que Hafsa était savante ; on nous rapporte que, à la fin de sa vie, elle connaissait le Coran par cœur.
Ce fut donc le troisième calife, ‘Uthmân (Radhiallahu anhu) , qui fit revoir le texte par Zayd ibn Thâbit et quelques autres, et se chargea de faire ramasser toutes les autres copies existantes. Il les fit brûler et diffusa enfin le texte définitif, correctement orthographié pour une bonne prononciation. Il envoya, en outre, 6 copies dans les différents centres islamiques et garda une copie pour lui.
Sur la personnalité de Hafsa, nous savons encore qu’elle était très pieuse et qu’elle jeûnait beaucoup.
Nous lui devons au moins une soixantaine de ahadîth. Elle mourut en l’an 45 de l’Hégire, âgée d’environ 60 ans. Elle fut enterrée avec les autres Mères des Croyants (Qu’Allah soit satisfait d’elles), dans le cimetière de Médine. On nous rapporte que l’Ange Gabriel (alayhi as-salâm) avait été chargé d’informer le Prophète (sallAllahou alayhi wa salam) que Hafsa (Radhiallahu anha) serait également son épouse au Paradis.
Qu’ Allah (azwadial) soit satisfait de Hafsa.